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Page:Gagnon - Le fort et le château Saint-Louis (Québec), 1908.djvu/37

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domination française

circonstances, on faisait des décharges de mousqueterie. On sonnait aussi quelquefois la cloche du Fort, placée dans un petit campanile, au-dessus du château[1].

Citons encore Marie de l’Incarnation :

« Nous allons perdre M. de Tracy, écrivait-elle au mois d’octobre 1667. Le Roi qui le rappelle en France, a envoyé un grand vaisseau de guerre pour l’amener avec honneur. Cette nouvelle Église et tout le pays y fera une perte qui ne peut se dire, car il a fait ici des expéditions qu’on n’aurait jamais osé entreprendre ni espérer. Dieu a voulu donner cela à la grande piété de son serviteur, qui a gagné tout le monde par ses bonnes œuvres et par les grands exemples de vertu et de religion qu’il a donnés à tout le pays. On l’a vu plus de six heures entières dans l’église sans en sortir. Son exemple avait tant de force que le monde le suivait comme des enfants suivent leur père. Il a favorisé et soutenu l’Église par sa piété et par le crédit qu’il a universellement sur tous les esprits. Nous perdons beaucoup en lui pour notre particulier : c’est le meilleur ami que nous ayons eu depuis que nous sommes en ce pays. »

M. de Courcelles restait heureusement en Canada, ainsi que l’intendant Talon, sous qui, disait encore la Mère de l’Incarnation, « le pays s’est plus fait et les affaires ont fait plus de progrès qu’elles n’avaient fait depuis que les Français y habitent[2]. »

  1. Voir : Jugements et Délibérations du Conseil souverain, vol. i, page 353 : Ordonnance concernant le paiement de certaine somme « pour avoir accommodé la cloche du fort. »
  2. L’attention de Talon s’était portée à tout ce qui pouvait être avantageux pour le Canada. La culture du chanvre, dit l’abbé Ferland, était encouragée et réussissait à merveille. On employait l’ortie à faire des toiles fortes ; des métiers établis dans chaque