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Page:Gagnon - Le fort et le château Saint-Louis (Québec), 1908.djvu/66

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le fort et le château saint-louis

les mêmes fondements et on en avait réglé les projets à peu près sur le pied des fonds que vous y aviez destinés et que nous espérions pouvoir augmenter en faisant venir les trois mille livres de cette année et ceux de la prochaine, en marchandises qui auraient apporté du profit ; mais comme nous étions à moitié de ce que nous avions entrepris de faire cette année, nous apprîmes le retranchement qui avait été fait, ce qui me fit prendre la résolution de faire cesser entièrement tout l’ouvrage. Mais M. l’Intendant souhaita qu’on le continuât, parce que, disait-il, ce qui était commencé aurait entièrement dépéri, et proposa de prendre six congés sur les vingt-cinq qu’on devait donner cette année, et de remettre l’argent de la vente entre les mains des marchands, qu’il nommerait et qui continueraient sur ses ordres à payer les ouvriers qui travailleraient à rendre logeable ce qui était commencé, et qui sera, étant achevé, les deux tiers de tout le bâtiment.

« J’eus de la peine à accepter cette proposition, et me résolvais à faire mon séjour dans le corps de garde de la garnison[1] où je suis présentement réduit, et où je passerai tout l’hiver, jusqu’à ce qu’il vous plût nous donner les moyens de pouvoir faire continuer ce que nous avions entrepris. Mais enfin je songeai que si vous trouviez quelque chose à redire à cet expédient, la faute en retomberait également sur nous deux, et que peut-être l’année prochaine serait un temps plus favorable pour vous donner lieu de rétablir ces fonds, comme je vous en supplie instamment. »

L’année suivante, le 2 novembre 1695, le vieux gouverneur écrit à M. Delagny ces lignes plus familières, où il

  1. Petit bâtiment situé à droite de la porte d’entrée du fort.