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Les troupes avancèrent en demi cercle, laissant le fleuve derrière eux. À ce moment les mitrailleuses indiennes commencèrent un feu meurtrier, mais les Brésiliens y répondirent vigoureusement. Ils avaient le désavantage de ne pas voir l’ennemi caché, néanmoins le cercle brésilien s’élargissait, malgré les pertes subies. Bientôt ils se trouveraient dans la forêt. Lucien, résolu à en finir, fit placer ses canons pour seconder ses mitrailleuses.

Les Brésiliens reculèrent, les canons et mitrailleuses se turent du côté indien, les avions commencèrent à abattre les servants des mitrailleuses, et la charge commença.

De tous côtés, s’élancèrent à l’assaut, des milliers et milliers d’indiens. En même temps explosèrent les mines masquées par les branchages. Ce qui n’était pas massacré, sautait.

Au bout de trois heures de combat, il restait aux Brésiliens, à peine 200 000 hommes massés en carré dans le centre de la vaste plaine.

À vrai dire, ils tiraient sans discontinuer et repoussaient les assaillants, mais ceux-ci avaient l’avantage de se déployer, tandis que les Brésiliens formaient un immense bloc compact, de plusieurs kilomètres carrés. Vers onze heures du matin, le général Fonseca, chef du 4me corps d’armée, dit au généralissime : « La bataille est perdue depuis longtemps et rester ici ne sert qu’à faire tuer inutilement nos soldats.

Il ne nous reste que deux solutions : Nous rendre ou faire une trouée du côté du Tavajos et le traverser à la nage. »

Je ne saurai me résoudre à me rendre, répondit le généralissime, dans ma longue carrière militaire, je n’ai, non plus, jamais reculé. Général Silveira, dit-il à un de ses voisins, je vous passe le commandement, puis appuyant son révolver sur sa tempe, il dit encore : Adieu, Messieurs, et une détonation retentit ; le général Brito de Guimaraes tomba raide mort. Pendant qu’on s’empressait autour du cadavre, le général Silveira ordonna à la cavalerie et aux mitrailleuses d’effectuer une charge à fond de train du côté de la rivière, puis aux différents corps, de se replier pour suivre la cavalerie. À ce moment parvint un radio-télégramme de l’armée du Nord, annonçant son arrivée dans deux heures.

Le général Silveira télégraphia à l’armée du Nord de se diriger à marches forcées vers le Sud avec Fayares, dans le Matto Grosso, comme point de concentration.

Il télégraphia dans les mêmes termes à l’armée du Sud. Messieurs dit-il à son entourage, si je donne cet ordre, c’est parce que je prévois que l’ennemi va envahir notre territoire. Il ne peut le faire par le Nord, puisqu’il se heurtera aux forêts et rivières ; avec son artillerie il ne pourrait passer. Il est donc mathématique qu’il envahira le Brésil par le seul point propice : le Matto Grosso, la partie