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d’une seule année à peu près[1]. Une pièce sans date qui est d’environ 1738, dit que les douze maîtres ou maîtresses enseignent plus de 600 enfants.

En 1728, le curé de la Grand, Laurent Boyer — mu, sans doute, par le désir de faire exécuter l’ordonnance de mai 1724 — agit auprès de la Commune pour l’associer à une requête au roi en faveur d’un projet d’extension. L’adresse aux échevins contient cette belle affirmation : « un des devoirs les plus importans de la société civile est sans contredit celuy de l’instruction des enfans : sans elle, leurs devoirs envers Dieu, envers leur famille et envers leur Patrie ne sauroient estre remplis ». La nécessité d’ouvrir des écoles est longuement exposée dans ce document : si « les enfans d’honneste famille » sont instruits chez eux « par leurs parens…, par les maistres qu’ils payent et dans les collèges par les regens », il n’en est pas de même pour les pauvres : « le soin qu’ils sont obligés d’avoir pour gagner leur vie fait qu’ils oublient celuy de leur apprendre à bien vivre et, eux mêmes ayant esté mal élevés, ils ne peuvent communiquer à leurs enfans une éducation qu’ils n’ont jamais eue »… d’où nécessité « des escoles publiques establies uniquement pour les pauvres » et dans lesquelles on leur enseignera « ce qu’ils doivent à Dieu, ce qu’ils se doivent à eux-mêmes et ce qu’ils doivent aux autres ». Le document constate l’état des choses : « il y a, actuellement, six escoles où il ne reste rien à désirer » : mais, ajoute-t-il, « le peuple presque infini qui se trouve dans lad. ville exige qu’on y en établisse encore six autres ce qui fera douze en tout : six pour les garçons et six pour les filles ». Les six écoles existantes ayant déjà un revenu de 2.000 liv. de rentes, c’est un revenu égal qu’il faudrait constituer. On avait entrepris cette constitution et déjà on avait réuni une somme importante qui sombra dans le krach de Law : « 15.000 liv. furent réduites à 3.800 dont le revenu est à deux et demy pour cent sur l’Hostel de Ville de Paris ».

Le curé Boyer espérait obtenir le capital nécessaire de la piété de ses paroissiens et créer les six nouvelles écoles sans demander de recourir à l’impôt municipal autorisé, en pareil cas, par l’ordonnance du 14 mai 1724. Il réclamait pour mener à bien son entreprise, une administration des écoles stéphanoises, un Bureau gratifié de la personnalité civile ayant pouvoir d’accepter dons et legs, d’acquérir, d’administrer, etc., lequel Bureau eût été composé d’un membre de droit, le curé président, de

  1. La population de 28.140 habitants est ainsi évaluée sur un contingent annuel de 1.005 naissances multiplié par 28.