Page:Gardey - Anglophilie gouvernementale.djvu/38

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dieux : il pensait souvent à ces traits, il les aimait, il se faisait redire les circonstances où les tribus, réduites à la dernière extrémité, se relevèrent inopinément par la protection de leur dieu, en triomphant de leurs ennemis, quelque nombreux qu’ils fussent.

« Quand donc, triste, abattu, déchu de presque tout pouvoir, il ne conserva plus le moindre espoir de ressaisir l’autorité ; quand ses différents efforts pour rentrer dans Tahiti eurent tous échoué ; quand il n’attendit plus rien de lui-même ni de ses dieux, cherchant des consolations, il se mit à écouter plus attentivement les missionnaires qui lui promettaient le secours d’un dieu tout puissant s’il voulait, pour le servir, abjurer les siens. La conduite du roi influa sur celle de plusieurs autres individus. Les gens de sa maison traitaient les missionnaires avec plus d’égards, souffraient leurs remontrances, écoutaient leurs discours, et en 1812 (le 18 juillet), sans rien concevoir encore à la morale ni aux principes qui font la base de la religion chrétienne, mais seulement à cause de sa situation désespérée et pour essayer d’une dernière ressource, comme il paraît l’avoir dit lui-même, Pomare, faisant publiquement profession de christianisme, demanda de plus amples instructions, et le baptême. »

Cependant une circonstance imprévue faillit renverser tout à coup les espérances des missionnaires.

Des chefs de Tahiti vinrent proposer à Pomare de reprendre le gouvernement ! Il accepta et rentra à Tahiti le 13 août 1812 ; mais après deux années de résidence au milieu d’agitations continuelles, ne s’y croyant plus en sûreté, il retourna à Moorea. En novembre 1815, il repassa à Tahiti et, le 12 du même