Page:Gardey - Anglophilie gouvernementale.djvu/67

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que de l’exciter contre la France : « Si tu veux, prends mon pays, finit-il par lui dire ou à peu près ; prends-le, mais je ne te le donnerai pas. »

Les documents officiels sont là, d’ailleurs, qui feront un jour, je l’espère, l’histoire vraie de cette annexion.

Le Messager de Tahiti, du 13 juin 1891, enregistrant la mort de Pomare V, s’exprimait en ces termes au sujet du traité d’annexion :

« Cet acte, qui prouve la sagesse du prince défunt et la prévoyante sollicitude qu’il portait à son peuple, lui vaudra la reconnaissance de l’histoire et de la postérité. »

Nous venons de voir que l’annexion de Tahiti à la France avait eu lieu non seulement en dehors du concours de la mission protestante, mais encore malgré l’opposition du chef de cette mission. Et pourtant, homme de ressources, il a su tirer de cet événement encore plus de force. On crut, en France, et on est encore persuadé en haut lieu, que le protestantisme, représenté par M. Viénot, nous a donné Tahiti. Sur cet article de foi, la puissance de ce dernier parvint à son apogée.

Les administrateurs de tous ordres durent compter avec lui ; et les gouvernants métropolitains ne voulant, je le veux bien, qu’assurer la liberté de conscience qu’on leur disait menacée, adressaient, en conséquence, des instructions à l’administration de la colonie ; qu’ils amenaient ainsi à faire œuvre de protestantisme.

Dans la période qui a suivi l’annexion jusqu’à mon départ, les dépêches ministérielles se succédaient, admonestant les administrateurs qui n’en