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DU CANADA.

Le Sauvage croyait que le ciel et la terre avaient été créés par un être tout-puissant ; l’on peut inférer de là qu’il devait avoir une idée d’une divinité suprême, à laquelle toutes les autres étaient soumises, et cette croyance vague était devenue plus définie, après que les missionnaires lui eurent enseigné l’existence d’un seul Dieu, sous le nom de Grand-Esprit. Il embrassa ce dogme sans peine, parcequ’il ne faisait que préciser une idée dont il était imbu déjà. Il se répandit parmi toutes les nations indiennes avec rapidité ; ce qui l’a fait prendre par quelques voyageurs comme une partie intégrante de leur foi primitive.

Tous les êtres créés ayant ainsi leurs divinités, l’Indien a dû les révérer ou les craindre selon le bien ou le mal qu’il croyait en recevoir. Le chrétien aime et adore Dieu, parcequ’il est son créateur. Le Sauvage n’a point établi cette relation entre lui et la divinité. Il aime une divinité si elle lui fait du bien, pour le bien qu’elle lui fait ; il la craint si elle lui fait du mal, et tâche de se la rendre favorable par des prières et des sacrifices, que quelques auteurs ont voulu transformer en culte, mais qui n’en étaient que des germes très-éloignés. Il n’y avait que l’actualité d’un bien ou d’un mal qui excitât le Sauvage à tourner sa pensée vers