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HISTOIRE

Le gouverneur quittait la colonie au moment où elle avait le plus de besoin de ses talens. Outre l’incendie du 5 août (1682) qui avait réduit la plus grande partie de Québec en cendres, ruiné le commerce et fait subir des pertes immenses au pays[1], l’on s’attendait à tout instant à avoir les Iroquois sur les bras. L’influence du voisinage des Anglais, commençait à changer les dispositions de la confédération, qui, dans la prévision d’une guerre prochaine, s’appliqua à nous enlever ou à nous rendre inutiles nos alliés. Le colonel Dongan travailla activement à mettre ces barbares dans les intérêts de l’Angleterre, et il avait plusieurs moyens de réussir. L’accroissement

  1. Dans la Basse-Ville qui était bâtie en bois il ne resta qu’une seule maison, celle d’un riche marchand, M. Aubert de Lachenaye, qui « avait l’âme noble et généreuse » dit un contemporain, et, qui aida de son argent ses concitoyens à se rebâtir. Québec a été jusqu’à ce jour ravagé par trois grands incendies : celui dont nous venons de parler ; celui qui éclata lors du bombardement de la ville par les Anglais en 1759, et dans lequel plusieurs centaines de maisons furent brûlées ; et enfin le plus terrible de tous, celui du 28 mai 1845. Dans ce dernier en moins de 8 heures plus de mille maisons (on a dit 1600 ; mais ce nombre est exagéré) et leurs dépendances, trois églises ou chapelles, une halle de marché ; de nombreuses tanneries, brasseries, distilleries ; une grande quantité de magasins, des fonderies, des savonneries, des chantiers de construction de navires, des quais, quelques vaisseaux, &c., devinrent la proie des flammes, et de 10 à 12 mille personnes se trouvèrent sans gite.