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HISTOIRE

ronnaient d’épais massifs de verdure, tantôt enfin fuyant entre les vastes plaines de l’Illinois et de l’Iowa, couvertes de forêts magnifiques, ou parsemées de bocages jetés au milieu de prairies sans bornes », comme pour présenter leur ombre aux passans qui désiraient se rafraîchir contre les ardeurs du soleil. Ils firent ainsi soixante lieues sans rencontrer la présence d’un seul homme, lorsque tout à coup ils aperçurent sur la rive droite du fleuve la trace de pas humains sur le sable, et ensuite un sentier qui menait à une prairie. Les voyageurs allaient-ils se risquer au milieu de la tribu inconnue qui habitaient ce pays ? Joliet et Marquette hasardèrent cette entrevue. Prenant le sentier, ils marchèrent six milles et se trouvèrent devant une bourgade située sur la rivière Moïngona, qu’on appelle des Moines par corruption. Ils s’arrêtèrent et appelèrent à haute voix. Quatre vieillards sortirent au devant d’eux portant le calumet de paix ; ils reçurent les étrangers avec distinction. Nous sommes des Illinois, dirent-ils, nous sommes des hommes[1], soyez les bienvenus dans nos

  1. Le chanoine Corneille de Pauw rapporte dans ses recherches philosophiques sur les Américains, qu’un Pape fit une bulle pour reconnaître les Américains pour des hommes véritables. Il n’y a pas d’exemple, dit cet auteur aussi malin qu’incrédule, d’une pareille décision depuis que ce globe est habité par des hommes et par des singes.