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DU CANADA.

situation géographique plus rapprochée, population plus nombreuse et plus commerçante, marchandises plus modiques. Ces trois avantages étaient de la dernière importance, et le Canada ne se voyait aucun moyen de les contrebalancer. Le prix des marchandises était beaucoup plus élevé en France qu’en Angleterre de même que le fret et l’assurance maritime. La différence était encore plus grande dans les colonies. Aussi se faisait-il un commerce très étendu de contrebande entre Montréal et Albany. Non seulement on tirait de cette dernière ville les tissus de laine que l’on ne manufacturait pas en France, mais on importait ouvertement de là tous les ans une quantité considérable d’autres marchandises qui ne servaient point au négoce avec les Sauvages. Dans une seule année le Canada reçut 900 pièces d’écarlatine pour la traite, outre des mousselines, des indiennes, des tavelles, du vermillon, etc. Que faisait alors l’industrie française ? Que faisait la compagnie des Indes ? Elle en introduisait annuellement une douzaine de cents pièces qu’elle tirait elle même de l’Angleterre ; et elle défendait à tout autre négociant d’en importer en Canada[1]. De sorte

  1. Mémoire sur la traite de la Province de New-York inséré dans l’histoire des cinq nations du Canada, par C. Colden.