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HISTOIRE

avec les Iroquois en rendant celle avec les Français impossible. Il paraît que lui et sa nation étaient l’âme de toute cette vaste intrigue, derrière laquelle ils avaient l’art de se cacher, en se servant des Outaouais, dont la grossièreté naturelle permettait d’en faire de faciles instrumens. L’habile le Rat mit dans leur bouche ces paroles insolentes qu’ils répondirent lorsqu’on voulut les empêcher de renvoyer les prisonniers Tsonnonthouans : « Nous nous étions figurés, dirent-ils, que les Français étaient des guerriers, mais ils le sont beaucoup moins que les Iroquois. Nous ne sommes plus surpris, s’ils ont été longtemps sans rien entreprendre, c’est le sentiment de leur faiblesse qui les retenait. Après avoir vu avec quelle lâcheté ils se sont laissé massacrer dans l’île de Montréal, il nous est évident que nous ne pouvons plus en attendre de recours. Leur protection nous est devenue non seulement inutile mais nuisible, par les engagemens où elle nous a entraînés mal à propos ; leur alliance ne nous a pas fait moins de tort pour le commerce que pour la guerre ; elle nous a privés de la traite avec les Anglais, beaucoup plus avantageuse qu’avec eux, et cela contre toutes les lois de protection qui consistent à maintenir la liberté du commerce. On laisse tomber sur nous tout le poids de la guerre, tandis que nos