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HISTOIRE

de nouveau. Il leur ordonna de se conformer aux ordres, et leur dit que si après la distribution ils avaient quelque représentation à faire, il les écouterait volontiers ; ils obéirent. Après avoir reçu leurs rations, les soldats motivèrent leurs plaintes avec leur franchise habituelle, disant pour conclusion que la chair de cheval formait une mauvaise nourriture, que toutes les privations retombaient sur eux, que les habitans ne se privaient de rien, et qu’ils ne pensaient pas que la disette fût aussi grande qu’on le disait.

M. de Levis répondit à tous leurs griefs. Il observa, entre autres choses, qu’ils avaient été mal informés de l’état de la colonie ; qu’il y avait long-temps que le peuple à Québec ne mangeait pas de pain ; que tous les officiers de Québec et de Montréal n’en avaient qu’un quarteron par jour ; qu’il y avait 2,000 Acadiens qui n’avaient pour toute nourriture que de la morue et du cheval ; et qu’ils n’ignoraient pas que les troupes avaient mangé de ce dernier aliment au siège de Prague ; enfin, que les généraux étaient toujours occupés du soin de leur procurer le plus de bien-être possible, etc. Ce discours parut satisfaire les mutins, qui se retirèrent dans leurs casernes et ne firent plus de représentation.

Au commencement d’avril suivant, l’on fut