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DU CANADA.

Acadiens, observe M. Haliburton, n’étaient pas des sujets britanniques, puisqu’ils n’avaient point prêté le serment de fidélité, et ils ne pouvaient être conséquemment regardés comme des rebelles ; ils ne devaient pas être non plus considérés comme prisonniers de guerre, ni envoyés en France, puisque depuis près d’un demi siècle on leur laissait leurs possessions à la simple condition de demeurer neutres. » Mais beaucoup d’intrigans et d’aventuriers voyaient ces belles fermes acadiennes avec un œil de convoitise ; quels beaux héritages ! et par conséquent quel appât ! Il ne fut pas difficile de trouver des raisons politiques pour justifier l’expulsion des Acadiens. La très grande majorité n’avait fait aucun acte pour porter atteinte à la neutralité ; mais dans la grande catastrophe qui se préparait l’innocent devait être enveloppé avec le coupable. Pas un habitant n’avait mérité grâce. Leur sort fut décidé dans le conseil du gouverneur Lawrence, auquel assistèrent les amiraux Boscawen et Mostyn, dont les flottes croisaient sur les côtes. Il fut résolu de disperser dans les colonies anglaises ce qui restait de ce peuple infortuné ; et afin que personne ne put échapper, le secret le plus profond fut ordonné jusqu’au moment fixé pour l’exécution de la sentence, laquelle aurait lieu le même jour et