Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome III, 1848.djvu/280

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
278
HISTOIRE

grâce qu’il dut peut-être autant aux insinuations des anciens partisans du général Montcalm qu’à celles plus perfides encore de Bigot. La procédure de la part du ministère public fut conduite avec la plus grande activité, et dura depuis le mois de décembre 61 jusqu’à la fin de mars 63. Les accusés obtinrent en octobre 62 des conseils pour préparer leurs défenses. Le marquis de Vaudreuil avait gouverné le Canada durant l’époque la plus difficile de son histoire, et il avait mis en usage jusqu’au dernier moment toutes les ressources dont la prudence et l’expérience humaines peuvent être capables.[1] Il venait pauvre dans la métropole après avoir servi le roi cinquante-six ans, dont une partie comme gouverneur des Trois-Rivières et de la Louisiane. Il avait acquis des plantations dans cette dernière province, qu’il fut obligé de vendre pour soutenir la dignité de son rang en Canada. Il avait même sacrifié, comme Montcalm et le général de Lévis, ses appointemens pour subvenir aux besoins publics à la fin de la guerre. Ainsi toute sa fortune, en entrant en France, comme il le disait lui-même, consistait dans l’espérance des bienfaits du roi. Aussi sa défense fut-elle

  1. Lettre de l’évêque de Québec au ministre.