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HISTOIRE

d’un empire écroulé, qui surnageaient sur les flots d’une mer déjà fatiguée du joug de l’Europe.

« Depuis le traité de Bretigny, la France, observe Sismondi, n’avait point conclu de paix aussi humiliante que celle qu’elle venait de signer à Paris, pour terminer la guerre de Sept ans. Aujourd’hui que nous connaissons mieux les vastes et riches pays qu’elle venait d’abandonner en Amérique, que nous y voyons naître et grandir des nations puissantes, que ses enfans qui se sont maintenus et qui ont prospéré à Québec, à Montréal et à la Nouvelle-Orléans, attestent l’importance des colonies auxquelles elle renonçait, cet abandon d’un pays appelé à de si hautes destinées paraît plus désastreux encore. Toutefois ce n’est point une raison pour blâmer les ministres qui négocièrent ou qui signèrent la paix de 1763. Elle était sage, elle était nécessaire, elle était aussi avantageuse que les circonstances pouvaient le permettre. Les Français n’avaient réussi dans rien de ce qu’ils s’étaient proposé par la guerre de Sept ans ; ils avaient éprouvé les plus sanglantes défaites et s’ils s’obstinaient à la guerre, ils avaient tout lieu de s’attendre à des revers plus accablans encore ; jamais leurs généraux n’avaient paru plus universellement dépourvus de talens ; jamais leurs sol-