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HISTOIRE

d’un esprit élevé, indépendant et étranger à la crainte comme à l’intimidation. Il y mêle habilement sa cause avec celle du pays, et dit des vérités au gouvernement qu’aucun autre homme n’aurait osé proférer même tout bas. Dans ses élans de rude éloquence, il lui échappe des exclamations pleines d’orgueil national ou d’une noble indignation : « Qu’il est triste d’être vaincu, s’écrie-il ! S’il n’en coûtait encore que le sang qui arrose les champs de bataille, la plaie serait bien profonde, bien douloureuse, elle saignerait bien des années, mais le temps la fermerait. Mais être condamné à sentir continuellement la main d’un vainqueur qui s’appesantit sur vous ; mais être esclave à perpétuité du souverain constitutionnel du peuple le plus libre de la terre, c’en est trop. Serait-ce que notre lâcheté à disputer la victoire, en nous dégradant dans l’esprit de nos conquérans, aurait mérité leur colère et leur mépris ? Mais ce furent les divisions de nos généraux qui les firent battre ; mais nous, nous prîmes leur revanche, et nous lavâmes l’année d’après, 28 avril 1760, la honte de leur défaite sur le même champ de bataille ! »

C’est ainsi encore qu’après avoir fait un tableau livide de la tyrannie sous laquelle gémissait son pays, il continue : « Bataille, première bataille de Québec, nous frapperez-vous tou-