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DU CANADA.

sujet du chiffre de l’envoi de troupes ; et c’est en vain que le maréchal de Belle-isle voulut en représenter le danger dans un mémoire qu’il soumit au conseil d’état : « Il y a plusieurs mois que j’insiste, disait-il, pour que nous fassions passer en Amérique, indépendamment des recrues nécessaires pour compléter les troupes de nos colonies et de nos régimens français, les 4,000 hommes du sieur Fischer !… Il a un corps distingué d’officiers, presque tous gentilshommes, dont la plus grande partie se propose de ne jamais revenir en Europe, non plus que les soldats, ce qui fortifierait beaucoup, pour le présent et l’avenir, les parties de ces colonies où ces troupes seraient destinées… Je crois ne pouvoir trop insister. L’on se repentira peut-être trop tard, ajoutait-il, de ne l’avoir pas fait, lorsqu’il n’y aura plus de remède. Je conviens que la dépense de transport est excessivement chère ; mais je pense qu’il vaudrait encore mieux avoir quelques vaisseaux de ligne de moins et se mettre en toute sûreté pour la conservation des colonies. »

On ne sait quelle influence ce renfort eût exercé sur le résultat des opérations militaires en 59 ; mais il est déplorable de penser que le sort du Canada ait tenu peut-être à la chétive somme que le transport de ces troupes en