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Page:Garneau - Voyages, Brousseau, 1878.djvu/165

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comptant sur une traversée rapide et un ciel favorable ; mais rien n’est plus incertain que les vents. Il y avait à peine trois ou quatre jours que nous étions en route, lorsque nous commençâmes à éprouver des bourrasques qui nous firent regarder à notre pont et à notre mâture, comme un soldat regarde à ses pieds et à ses armes lorsqu’il va entendre sonner la charge. Des vents de tempête plus constants et presque toujours contraires, succédant à ces premiers caprices, soulevèrent enfin complètement les flots. Toutes les voiles hautes avaient déjà été serrées et tous les ris pris dans les voiles basses. Nous étions lancés sur la cime de vagues, puis précipités dans les gorges profondes qui les séparaient. Notre vaisseau battu par la mer qui jaillissait jusqu’au haut de nos voiles et roulait ensuite sur le pont, semblait une frêle nacelle sur cet