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six semaines dans un phare.

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le capitaine s’éloigna de l’échelle et cria d’une voix forte :

— Abaissez le gouvernail. Tous les hommes à la manœuvre !

Un ouragan terrible se préparait : la mer était violette et la masse noire, que j’avais d’abord prise pour un nuage, apparaissait sous la forme effrayante d’un vaisseau démâté, lancé sur

La tempête.
nous avec une vitesse extraordinaire. Les lumières bleues qui brûlaient sur son gaillard se réfléchissaient dans notre voile de perroquet bien carguée. Il était inévitable qu’au moment où le vaisseau emporté par les vagues retomberait sur nous, il nous écraserait ou nous couperait en deux. Nos voiles se frappaient contre les mâts avec un bruit de tonnerre, et l’équipage à moitié endormi se précipitait pêle-mêle hors des écoutilles en poussant des cris affreux. L’épouvante paralysait nos forces et nos regards se suspendaient aux mouvements du vaisseau qui tournoyait au-dessus de nous. Cette scène effrayait les matelots, et les passagers à genoux se tordaient les bras ou se cachaient