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six semaines dans un phare.

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aperçu. Nos troupes sont sur la Tchernaïa. Le maréchal Saint-Arnaud, qui est à toute extrémité, s’est démis de son commandement en faveur du général Canrobert, désigné par l’empereur.

Le 26 septembre, le Roland, chargé de découvrir les traces de l’armée, pousse jusqu’à la baie de Kamiesh, dans laquelle il pénètre avec une grande précaution et à la sonde. De là il reconnaît la baie de Streletska et continue à s’approcher des forts de Sébastopol dont les batteries sont désertes. Les vigies reconnaissent que de nombreux travailleurs, hommes, femmes et enfants remuent les terres sur un point qui domine le sud de la ville et qu’on sut plus tard être le bastion Malakoff. De puissants ouvrages s’élèvent sur tous les endroits faibles. Les Russes ne perdent pas de temps.

Je ne vous aurais pas parlé de cette croisière du Roland, s’il n’en était pas résulté que la baie de Kamiesh, dont on ignorait sinon l’existence, du moins les qualités, n’avait pas été appelée à être la véritable base de nos opérations en Crimée.

Le 28, le général Canrobert fait savoir à notre amiral que ses troupes déboucheront le lendemain sur le plateau de la Chersonèse, et le prie de débarquer le matériel de siége dans l’endroit qu’il jugera convenable, et le plus proche de son camp. Le lendemain l’escadre lève l’ancre et va mouiller dans la baie de Kamiesh, aux environs de laquelle était déjà campée une division française. Trois cales de débarquement sont établies par les soins du génie et de la marine. Les canons, gabions et fascines, ainsi que tout le matériel de l’artillerie sont bientôt débarqués. Les arrivages et les départs se succèdent ; c’est une activité prodigieuse qui ne doit plus abandonner un seul jour cette baie hier inconnue, aujourd’hui si utile aux approvisionnements de notre armée.

Voyant que les flottes ne devaient pas jouer un rôle actif, tant que durerait le siége de Sébastopol, que nous étions con-