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cartahut.

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anglaise dont les postes avancés étaient mal gardés, la culbuter sur le corps d’observation attaqué lui-même, et les rejeter tous deux sur le corps de siége qu’ils entraîneraient jusqu’au bord de la mer. Les grands-ducs Michel et Nicolas étaient venus de Saint-Pétersbourg pour assister à la mise à exécution de ce projet auquel venaient en aide 80,000 hommes et 288 bouches à feu.

Les Anglais sont attaqués avec furie, dès la pointe du jour. Bien que surpris à l’improviste, ils se défendent vaillamment et repoussent l’attaque. Par malheur, leur gauche est débordée, et toutes leurs positions enlevées. L’artillerie russe commence son feu sur nos tranchées, mais le général Canrobert est sur ses gardes et prend ses dispositions de défense. Bosquet et Bourbaki sont déjà en avant. Notre centre est mollement attaqué. On sent que ce n’est qu’une diversion pour nous tenir en haleine. Fidèles à leur plan, les Russes concentrent toutes leurs forces sur les positions anglaises.

Déjà, ils sont vainqueurs. L’aile droite des Russes va nous tourner par Balaclava quand une batterie de marine de six pièces, placée au pied du télégraphe, la force à rétrograder et permet au général Bosquet de se porter sur le plateau d’Inkermann au secours de nos alliés.

Les Anglais sont hors de combat. Le général Bourbaki n’a devant lui qu’un épais rideau de soldats russes ; il ne s’arrête pas un seul instant, et donne tête baissée dans l’ennemi. Celui-ci, qui croyait tenir la victoire, étonné de l’attaque audacieuse d’une poignée d’hommes, fléchit et recule, mais bientôt il resserre et reforme ses rangs. Le général Bourbaki est obligé de replier ses bataillons décimés. La position est grave. Notre courage est impuissant contre le nombre. Les Français tiennent toujours. Les Anglais, dont les cartouchières sont vides, se battent à la baïonnette et leur ferme contenance retarde les efforts des Russes.