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cartahut.

tience. Le découragement s’empare de nos soldats au moment où le général Pélissier arrive et relève leur moral.

D’abord le siége prend une autre face. Les attaques contre le front de la place ne pouvant amener sa reddition, on les dirige contre Malakoff. Un peu après arrive Mac-Mahon. La garde est déjà campée. Le chiffre de nos troupes est au moins égal à celui des Russes.

Malheureusement Canrobert et lord Raglan, le général en chef de l’armée anglaise, ne s’entendent plus, au sujet d’une expédition de la flotte dans la mer d’Azof pour enlever aux Russes leurs moyens de ravitaillement, et dont l’amiral Hamelin a eu le premier l’idée. Le général Canrobert cède avec peine à leurs instances. En effet, il craignait d’éloigner de lui des vaisseaux dont le concours lui était si utile pour amener vivres et renforts, et de se priver aussi d’une division d’infanterie qui devait avoir sa part dans l’attaque de la ville. À peine du reste a-t-il consenti, qu’il revient sur sa décision et contremande l’expédition de la mer d’Azof. Lord Raglan a été blessé de cette détermination. Dès lors entre les deux généraux en chef une grande froideur qui succède à leur bon accord.

Qu’en arriva-t-il ? je l’ignore. D’abord tout ce que je vous dis n’est que pour mémoire. L’amiral Hamelin est remplacé par le vice-amiral Bruat pour la flotte française, l’amiral Dundas par l’amiral Lyons pour la flotte, anglaise, et le général Canrobert par le général Pélissier pour l’armée de terre.

Dès lors, le siége prend une tournure plus menaçante et plus active, et ordre est donné à la flotte d’appareiller pour la mer d’Azof.

Pour la première fois, je vais vous parler de moi, c’est peu de chose ; mais enfin, si je ne vous parle que par ouï-dire de cette expédition, c’est que le scorbut m’envoya à l’hôpital et qu’une fois guéri, je restai à terre à la batterie du fort Génois.