Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/13

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hollandais, courts et replets, enrobés de Sumatra, cigares d’employés, à sept pour cinquante centimes ; les énormes cigares enroulés dans du papier de plomb, longs comme des bâtons de chaise et qui réjouissent les farceurs ; les « purotinos » et les « stinkadors » à un franc cinquante le cent ; puis encore les cigarettes faites de déchets de tabac, les « vijf veu ne cens » convoitées par les gamins de l’école communale, encloses dans un simple ruban de papier à chandelles.

Dans le sens de la longueur de la boutique, deux comptoirs parallèles : sur celui de droite reposait une boîte à couvercle de verre, qui prenait toute la tablette ; on y voyait, délicatement déposés sur un fond de peluche et d’ouate rose, telles des pièces de médailliers, des étuis à cigares, à rudes papilles ou en fine peau de veau, fleurant le cuir de Russie et le canepin ; des moules à cigarettes, nickelés, bien à l’abri de l’humidité, pour que se conservât la puissance du ressort ; des fume-cigarettes d’ambre cerclé d’or dans des écrins ouverts ; des cigarettes de dames, minces, en tabac turc, longues et blanches, dans des coffrets de carton, décorés de croissants d’argent ; des boîtes d’allumettes en métal, des tabatières d’écaille, de buis et de corne. Sur l’autre comptoir s’érigeait, un appareil monumental, tout en cuivre : un fût central, en potence, supportait trois balances à fléau,