Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/76

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Je suis pour le pourri et l’asticot : tout ce qui est à base de tradition et de vieille honnêteté conventionnelle ou bien me fait suer des rondelles de saucisson ou bien m’abrutit. Il me semble que je joue au nain-jaune, en mangeant de la tarte aux pommes, dans une famille de rempailleurs de chaises, à l’occasion d’un prix Bastin. J’ai les ongles de mes doigts de pied qui en frisent.

— Alors, dit, d’une voix de quaker, l’homme de lettres bilieux qui s’emportait, aie le courage de ton aberration et de ton amoralité ; pourquoi, quand tu fais de la critique, prends-tu la pose d’un homme qui parle au nom de la famille et de la garde civique ? Quand on pense quelque chose, ajouta-t-il d’une voix de sentence, on le dit, et quand on écrit ce qu’on ne pense pas, on fait vis-à-vis de soi-même et vis-à-vis des autres une mauvaise action.

— Ta bouche ! dit l’autre. Tant de sainte candeur me fait baver. Et le public, qu’en fais-tu ? Le public a besoin qu’on lui donne une opinion sur les pièces nouvelles ; le patron m’aligne à moi cinq cents francs par mois pour ce faire. J’en donne une, mais ce n’est pas la mienne ; la mienne c’est plus cher.

Charles, qui depuis quelques jours feuilletait par aventure les Guêpes, sursauta, follement amusé tout