Page:Gasquet - Le Bûcher secret, 1921.djvu/136

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Sous un chêne ébranché par l’autan, l’œil atone,
Tu pris ma main, enfant…
Tu pris ma main, enfant… « La terre est monotone,
Le jour est inutile, et Dieu nous ment, dis-tu.
N’est-ce pas au néant que mène la vertu ?
Pourquoi se travailler en espérances vaines… »

Décembre engourdissait le regard des fontaines,
La sablière croulait au-dessus des roseaux,
Les cyprès embrumés, autour de leurs fuseaux,
Amassaient tristement les soupirs de la plaine
Comme pour en filer la transparente laine,
Et le soir tournoyait sur ton front accablé.

« Où, répondis-je, tend la confiance du blé,
L’huile des oliviers, l’esprit têtu des souches ?
De quel cœur monte donc l’haleine de nos bouches
Que respire quelqu’un d’invisible entre nous ?…