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d’objets en bronze, en fer, en cuivre, de silex taillés, de verroterie punique et de monnaies romaines : documents contradictoires dont il est impossible de tirer des conclusions générales. Ces vestiges de la civilisation purement berbère en Tunisie, qui nous renseignent d’une façon si insuffisante, sont les seuls qui nous aient été conservés : force est donc de nous en contenter.

Il est plus surprenant d’avoir à constater un phénomène analogue en ce qui concerne des restes de la civilisation carthaginoise en Afrique.

Sans doute, les Phéniciens, tant qu’ils furent les maîtres de l’Afrique, concentrèrent surtout leur puissance dans l’intérieur même de Carthage. Ce peuple de marchands ne s’aventurait pas volontiers en dehors de la triple rangée de remparts, de lagunes et de montagnes qui protégeaient sa presqu’île. S’il avait formé un certain nombre de centres prospères dans son domaine propre, la Zeugitane, ce n’est que plus tard, après l’invasion romaine et sous la protection des légions, qu’il se risqua dans la Byzacène. Il n’en est pas moins vrai que, du Ve siècle au IIe siècle avant notre ère, toute une partie de la future province romaine d’Afrique était déjà mise en valeur et remarquablement prospère : Hérodote, au Ve siècle, les auteurs du IVe siècle qu’utilise le Périple de Scylax, font ressortir la prospérité des ports phéniciens de la côte[1], des florissants emporia du cap Bon, du Sahel et des Syrtes : ils nous permettent d’apprécier les immenses ressources que Carthage retirait de son domaine propre, de ses montagnes boisées, de ses vastes plaines de la Zeugitane (μεγάλα πεδία), où les indigènes asservis, fixés au sol, étaient

  1. Cf. aussi Diodore de Sicile, XX, §§ 3 et suiv.