Page:Gaume - L'europe en 1848, 1848.djvu/67

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donc elle est possible. Qu’est-ce donc qui la rendrait impossible ?

La neutralité obligée de l’État dans les choses de religion ? Mais, veuillez le remarquer, ce n’est pas comme loi religieuse qu’on vous demande d’en exiger l’accomplissement, mais comme loi morale, comme loi de nécessité sociale. A vous de faire cesser le travail ; à la religion de rendre le repos utile.

Le principe de la liberté des cultes ? Mais tous les cultes reconnus par l’État admettent cette loi, tous en réclament l’observation.

L’opposition de l’opinion publique ? Oui, l’opinion de quelques hommes qui ont des yeux pour ne pas voir ou qui ont tout intérêt à l’immoralité publique, parce qu’ils savent très-bien qu’un peuple immoral est toujours un peuple facile à exploiter au profit de l’anarchie. Quant à l’opinion des hommes honnêtes et sérieusement préoccupés des dangers de la situation, elle accueillera avec reconnaissance cette mesure de salut public. La plupart des maîtres et des ouvriers s’y soumettront sans trop de murmures ; un grand nombre déjà la réclament ; il en est même qui se plaignent hautement de l’oppression morale qui leur fait subir la violation de cette loi, nécessaire à la santé du corps non moins qu’à la santé de l’âme[1].

L’intérêt du commerce et de l’industrie ? Pour toute réponse je me contenterai de vous dire : Regardez l’Angleterre ! Parce qu’elle observe religieusement la

  1. Voir la pétition récente des ouvriers de Rouen.