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Tous, les Dieux de l’Europe et les Dieux de l’Asie,
Enfants de l’épouvante ou de la poésie,
Ceux que la Grèce fit, ceux que Rome adora,
Les monstres de l’Égypte et de la Phénicie,
Tombèrent sous Celui dont la voix déclara
Que tout homme sera pécheur dès qu’il naîtra.


Il resta, seul avec l’Homme-Dieu du Calvaire,
Dans le désert des cieux trônant, le front sévère,
De sa verge d’airain frappant l’Humanité.
Et sous son joug pesant et dur, qu’elle révère,
L’Humanité se courbe avec humilité,
L’aiguillon dans le flanc, comme un taureau dompté.


Tout fut à lui, les corps, les choses et les âmes.
L’homme usait ses genoux devant les bras infâmes
Du gibet où le fils d’Iaveh fut pendu,
Les nouveau-nés, avant d’avoir le sein des femmes,
Dans le flot baptismal sur leur front répandu,
Étaient offerts au Maître à qui tout était dû.


Pour mieux faire sentir le poids de ses colères,
Sur les peuples il mit deux sortes de vicaires,
Comme on met double bride aux chevaux emportés :
Le Prêtre et le Tyran. Le premier, dans les chaires,
De menaces chargea les cœurs épouvantés ;
L’autre, valet du Prêtre, aida ses cruautés.