Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/125

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faux Octave, j’ai voyagé, j’ai été souffrant, malade même, et, en recevant votre gracieuse invitation, je me suis demandé si j’en profiterais, car il ne faut pas être égoïste et abuser de l’indulgence qu’on veut bien avoir pour un ennuyeux.

― Ennuyé peut-être ; ennuyeux, non, répliqua la comtesse ; vous avez toujours été mélancolique, ― mais un de vos poètes ne dit-il pas de la mélancolie :

Après l’oisiveté, c’est le meilleur des maux.

― C’est un bruit que font courir les gens heureux pour se dispenser de plaindre ceux qui souffrent, » dit Olaf-de Saville.

La comtesse jeta un regard d’une ineffable douceur sur le comte, enfermé dans la forme d’Octave, comme pour lui demander pardon de l’amour qu’elle lui avait involontairement inspiré.

« Vous me croyez plus frivole que je ne suis ; toute douleur vraie a ma pitié, et, si je ne puis la soulager, j’y sais compatir. ― Je vous aurais voulu heureux, cher monsieur Octave ; mais pourquoi vous êtes-vous cloîtré dans votre tristesse, refusant obstinément la vie qui venait à vous avec ses bonheurs, ses enchantements et ses devoirs ? Pourquoi avez-vous refusé l’amitié que je vous offrais ? »

Ces phrases si simples et si franches impres-