Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/143

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ses dents de sanglier, semblait agiter son chapelet de crânes. Le logis gardait son impression mystérieuse et magique.

Le docteur Balthazar Cherbonneau conduisit ses deux sujets dans la pièce où s’était opérée la première transformation ; il fit tourner le disque de verre de la machine électrique, agita les tiges de fer du baquet mesmérien, ouvrit les bouches de chaleur de façon à faire monter rapidement la température, lut deux ou trois lignes sur des papyrus si anciens qu’ils ressemblaient à de vieilles écorces prêtes à tomber en poussière, et, lorsque quelques minutes furent écoulées, il dit à Octave et au comte :

« Messieurs, je suis à vous ; voulez-vous que nous commencions ? »

Pendant que le docteur se livrait à ces préparatifs, des réflexions inquiétantes passaient par la tête du comte.

« Lorsque je serai endormi, que va faire de mon âme ce vieux magicien à figure de macaque qui pourrait bien être le diable en personne ? ― La restituera-t-il à mon corps ou l’emportera-t-il en enfer avec lui ? Cet échange qui doit me rendre mon bien n’est-il qu’un nouveau piège, une combinaison machiavélique pour quelque sorcellerie dont le but m’échappe ? Pourtant, ma position ne saurait guère empirer. Octave possède mon corps, et, comme il le disait très bien ce matin, en le réclamant sous ma fi-