Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/151

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― Oh ! répondit le comte en polonais, c’est celle que mon âme parlera dans le ciel pour te dire que je t’aime, si les âmes gardent au paradis un langage humain. »

Prascovie, tout en marchant, inclina doucement sa tête sur l’épaule d’Olaf.

« Cher cœur, murmura-t-elle, vous voilà tel que je vous aime. Hier vous me faisiez peur, et je vous ai fui comme un étranger. »

Le lendemain, Octave de Saville, animé par l’esprit du vieux docteur, reçut une lettre lisérée de noir, qui le priait d’assister aux service, convoi et enterrement de M. Balthazar Cherbonneau.

Le docteur, revêtu de sa nouvelle apparence, suivit son ancienne dépouille au cimetière, se vit enterrer, écouta d’un air de componction fort bien joué les discours que l’on prononça sur sa fosse, et dans lesquels on déplorait la perte irréparable que venait de faire la science ; puis il retourna rue Saint-Lazare et attendit l’ouverture du testament qu’il avait écrit en sa faveur.

Ce jour-là on lut aux faits divers dans les journaux du soir :

« M. le docteur Balthazar Cherbonneau, connu par le long séjour qu’il a fait aux Indes, ses connaissances philologiques et ses cures merveilleuses, a été trouvé mort, hier, dans son cabinet de travail. L’examen minutieux du corps