Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/165

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au plus à faire de l’équitation sur le dos d’un chien, et qu’il aurait cru pouvoir renverser d’un souffle.

L’étranger, ayant fait appeler le padron di casa, lui demanda si une lettre à l’adresse de M. Paul d’Aspremont n’avait pas été remise à l’hôtel de Rome ; l’hôtelier répondit qu’une lettre portant cette suscription attendait, en effet, depuis une semaine, dans le casier des correspondances, et il s’empressa de l’aller chercher.

La lettre, enfermée dans une épaisse enveloppe de papier cream-lead azuré et vergé, scellée d’un cachet de cire aventurine, était écrite de ce caractère penché aux pleins anguleux, aux déliés cursifs, qui dénote une haute éducation aristocratique, et que possèdent, un peu trop uniformément peut-être, les jeunes Anglaises de bonne famille.

Voici ce que contenait ce pli, ouvert par M. d’Aspremont avec une hâte qui n’avait peut-être pas la seule curiosité pour motif :

« Mon cher monsieur Paul,

« Nous sommes arrivés à Naples depuis deux mois. Pendant le voyage fait à petites journées mon oncle s’est plaint amèrement de la chaleur, des moustiques, du vin, du beurre, des lits ; il jurait qu’il faut être véritablement fou pour quitter un confortable cottage, à quelques