Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/175

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de ses joues et de son col de cygne, témoignaient en faveur de ces romanesques figures de femmes de Maclise, qui, à l’Exposition universelle, semblaient de charmantes impostures.

Alicia portait une robe de grenadine à volants festonnés et brodés de palmettes rouges, qui s’accordaient à merveille avec les tresses de corail à petits grains composant sa coiffure, son collier et ses bracelets ; cinq pampilles suspendues à une perle de corail à facettes tremblaient au lobe de ses oreilles petites et délicatement enroulées. — Si vous blâmez cet abus du corail, songez que nous sommes à Naples, et que les pêcheurs sortent tout exprès de la mer pour vous présenter ces branches que l’air rougit.

Nous vous devons, après le portrait de miss Alicia Ward, ne fût-ce que pour faire opposition, tout au moins une caricature du commodore à la manière de Hogarth.

Le commodore, âgé de quelque soixante ans, présentait cette particularité d’avoir la face d’un cramoisi uniformément enflammé, sur lequel tranchaient des sourcils blancs et des favoris de même couleur, et taillés en côtelettes, ce qui le rendait pareil à un vieux Peau-Rouge qui se serait tatoué avec de la craie. Les coups de soleil, inséparables d’un voyage d’Italie, avaient ajouté quelques couches de plus à cette ardente coloration, et le commodore faisait involontairement penser à une grosse praline entourée de coton.