Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/203

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— Quand je pense que la police me tourmenterait, dit Timberio, si par hasard je lui laissais tomber une malle de trois cents livres sur la tête, à ce forestiere de malheur !

— Scazziga est bien hardi de le conduire, dit Gelsomina.

— Je suis sur mon siège, il ne me voit que le dos, et ses regards ne peuvent faire avec les miens l’angle voulu. D’ailleurs, je m’en moque.

— Vous n’avez pas de religion, Scazziga, dit le colossal Palforio, le cuisinier à formes herculéennes ; vous finirez mal. »

Pendant que l’on dissertait de la sorte sur son compte à la cuisine de l’hôtel de Rome, Paul, que la présence du comte Altavilla chez miss Ward avait mis de mauvaise humeur, était allé se promener à la villa Reale ; et plus d’une fois la ride de son front se creusa, et ses yeux prirent leur regard fixe. Il crut voir Alicia passer en calèche avec le comte et le commodore, et il se précipita vers la portière en posant son lorgnon sur son nez pour être sûr qu’il ne se trompait pas : ce n’était pas Alicia, mais une femme qui lui ressemblait un peu de loin. Seulement, les chevaux de la calèche, effrayés sans doute du mouvement brusque de Paul, s’emportèrent.

Paul prit une glace au café de l’Europe sur le largo du palais : quelques personnes l’examinèrent avec attention, et changèrent de place en faisant un geste singulier.