Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/355

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longue houppe de soie, complétaient cette parure assez bizarre pour rendre des visites à Paris en cette malheureuse année 1842.

Quant à sa figure, elle avait cette beauté régulière de la race turque : dans son teint, d’un blanc mat semblable à du marbre dépoli, s’épanouissaient mystérieusement, comme deux fleurs noires, ces beaux yeux orientaux si clairs et si profonds sous leurs longues paupières teintes de henné. Elle regardait d’un air inquiet et semblait embarrassée ; par contenance, elle tenait un de ses pieds dans une de ses mains, et de l’autre jouait avec le bout d’une de ses tresses, toute chargée de sequins percés par le milieu, de rubans et de bouquets de perles.

L’autre, vêtue à peu près de même, mais moins richement, se tenait également dans le silence et l’immobilité. Me reportant par la pensée à l’apparition des bayadères à Paris, j’imaginai que c’était quelque almée du Caire, quelque connaissance égyptienne de mon ami Dauzats, qui, encouragée par l’accueil que j’avais fait à la belle Amani et à ses brunes compagnes, Sandiroun et Rangoun, venait implorer ma protection de feuilletoniste.

« Mesdames, que puis-je faire pour vous ? » leur dis-je en portant mes mains à mes oreilles de manière à produire un salamalec assez satisfaisant.

La belle Turque leva les yeux au plafond, les