Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/419

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pain du bon Dieu, le pain que Jésus-Christ, à son dernier repas, a choisi pour représenter son corps, et, après en avoir refusé une tranche au pauvre qui s’est présenté sur votre seuil, vous en avez pétri des souliers pour votre Hanz. Il faut ouvrir la bière, retirer les souliers de pain des pieds de l’enfant et les brûler dans le feu qui purifie tout. »

Accompagné du fossoyeur et de la mère, le prêtre se rendit au cimetière : en quatre coups de bêche on mit le cercueil à nu, on l’ouvrit.

Hanz était couché dedans, tel que sa mère l’y avait posé, mais sa figure avait une expression de douleur.

Le saint prêtre ôta délicatement des talons du jeune mort les souliers de pain, et les brûla lui-même à la flamme d’un cierge en récitant une prière.

Lorsque la nuit vint, Hanz apparut à sa mère une dernière fois, mais joyeux, rose, content, avec deux petits chérubins dont il s’était fait des amis ; il avait des ailes de lumière et un bourrelet de diamants.

« Oh ! ma mère, quelle joie, quelle félicité, et comme ils sont beaux les jardins du Paradis ! On y joue éternellement, et le bon Dieu ne gronde jamais. »

Le lendemain, la mère revit son fils, non pas sur terre, mais au Ciel ; car elle mourut dans la journée, le front penché sur le berceau vide.