Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/75

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baguettes de cuivre doré qui dessinait au pied son moelleux chemin ; des jardinières remplies des plus belles fleurs exotiques montaient chaque degré avec vous.

Une immense lanterne découpée et fenestrée, suspendue à un gros câble de soie pourpre orné de houppes et de nœuds, faisait courir des frissons d’or sur les murs revêtus d’un stuc blanc et poli comme le marbre, et projetait une masse de lumière sur une répétition de la main de l’auteur, d’un des plus célèbres groupes de Canova, l’Amour embrassant Psyché.

Le palier de l’étage unique était pavé de mosaïques d’un précieux travail, et aux parois, des cordes de soie suspendaient quatre tableaux de Paris Bordone, de Bonifazzio, de Palma le Vieux et de Paul Véronèse, dont le style architectural et pompeux s’harmonisait avec la magnificence de l’escalier.

Sur ce palier s’ouvrait une haute porte de serge relevée de clous dorés ; Octave-Labinski la poussa et se trouva dans une vaste antichambre où sommeillaient quelques laquais en grande tenue, qui, à son approche, se levèrent comme poussés par des ressorts et se rangèrent le long des murs avec l’impassibilité d’esclaves orientaux.

Il continua sa route. Un salon blanc et or, où il n’y avait personne, suivait l’antichambre. Octave tira une sonnette. Une femme de chambre parut.