Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/138

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― Moi ! point du tout ; je suis le garçon le plus uni du monde : je ne fais que ce qui me plaît, et je vis absolument pour mon compte. — Mais voici le soleil qui devient chaud, et votre ombrelle ne suffira plus tout à l’heure pour vous garantir de ses flèches de plomb. ― S’il vous plaisait de venir vous reposer un instant dans une cahute, une espèce de wigwam indien que j’ai par là, vous retourneriez ce soir à Paris, pendant les fraîches heures du crépuscule.

― Volontiers, répondit Musidora ; je ne serais pas fâchée de voir votre veranda, votre wigwam, comme vous dites ; car on prétend que vous ne demeurez pas, mais que vous perchez.

― Quelquefois, ― mais pas toujours. J’ai passé plus d’une nuit sur un arbre avec ma ceinture attachée au tronc pour m’empêcher de me casser la tête en tombant à la renverse ; mais ici je vis comme le bourgeois le plus débonnaire. Il ne me manque qu’un toit de tuiles rouges et des contre-vents verts pour être le garçon le plus arcadique et le plus sentimental du monde. ― Hadji, Hadji ! approchez ; j’ai deux mots à vous dire. »

Le Maure en deux bonds fut à côté de Fortunio.

Fortunio lui adressa quelques mots dans une langue étrangère, avec une intonation gutturale et bizarre.