Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/147

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Il avait quitté son habit de cheval, et il portait un costume d’une magnificence bizarre.

Une espèce de caftan de brocart, à larges manches, serré à la taille par un cordon d’or, se plissait puissamment autour de son corps gracieux et robuste ; sur sa tête était posée une calotte de velours rouge brodée d’or et de perles, avec une longue houppe qui lui pendait jusqu’au milieu du dos ; ses cheveux, naturellement boucles, s’en échappaient en noires spirales de l’effet le plus pittoresque.

Ses pieds nus jouaient dans des babouches turques.

Un vaste caleçon de soie rayée complétait cet ajustement.

Par sa chemise ouverte l’on voyait la blancheur de sa poitrine de marbre, sur laquelle brillait une petite amulette ornée de broderie et de paillettes, assez pareille aux petits sachets que portent au cou les pêcheurs napolitains.

Était-ce, chez le Fortunio, superstition, bizarrerie, caprice, tendre souvenir, pur amour de la couleur locale ? c’est ce que l’on n’a jamais bien pu savoir ; toujours est-il que les nuances tranchées et le clinquant de l’amulette faisaient merveilleusement ressortir l’éclat marmoréen de sa chair souple et polie.

« Musidora, dit-il en rentrant dans la chambre, avez-vous soif ou faim ? Nous allons tâcher de trouver un morceau à manger et un coup à