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jupe et un corsage à la mode antique, en satin vert, une chemisette de forme surannée et un fil de grosses perles. — Il pria Gretchen de se revêtir de ces habits qui ne pouvaient manquer de lui aller à ravir et de les garder dans la maison ; il lui dit par manière d’explication qu’il aimait beaucoup les costumes du seizième siècle, et qu’en se prêtant à cette fantaisie elle lui ferait un plaisir extrême. Vous pensez bien qu’une jeune fille ne se fait guère prier pour essayer une robe neuve : elle fut bientôt habillée, et, quand elle entra dans le salon, Tiburce ne put retenir un cri de surprise et d’admiration.

Seulement il trouva quelque chose à redire à la coiffure, et, délivrant les cheveux pris dans les dents du peigne, il les étala par larges boucles sur les épaules de Gretchen comme ceux de la Madeleine de la Descente de croix. Cela fait, il donna un tour différent à quelques plis de la jupe, lâcha les lacets du corsage, fripa la gorgerette trop roide et trop empesée ; et, reculant de quelques pas, il contempla son œuvre.

Vous avez sans doute, à quelque représentation extraordinaire, vu ce qu’on appelle des tableaux vivants. On choisit les plus belles actrices du théâtre, on les habille et on les pose de manière à reproduire une peinture connue : Tiburce venait de faire le chef d’œuvre du genre, — vous eussiez dit un morceau découpé de la toile de Rubens.