Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/325

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femme ; mais aussi je casserais volontiers celles qui sont exposées à doubler de sots visages. Est-ce que ce n’est pas assez de voir une fois la présidente et la vieille douairière de B*** ?

La cheminée est chargée de magots de la Chine, de groupes de biscuit et de porcelaine de Saxe. Deux grands vases en vert céladon craquelé, richement montés, garnissent les deux angles. Une superbe pendule de Boule, incrustée d’écaille, et dont l’aiguille est sur le chemin de trois heures, pose sur un piédouche d’une égale magnificence et terminé par des feuillages d’or. Devant la cheminée où brille une grande flamme, un garde-feu en filigrane argenté se replie plusieurs fois et se brise à angle aigu. Des écrans de damas avec des bois sculptés, une duchesse et un métier pour broder au tambour, complètent l’ameublement de ce côté.

Un paravent en véritable laque de Chine, tout chamarré de hérons à longues aigrettes, de dragons ailés, d’arbres palmistes, de pêcheurs avec des cormorans sur le poing, empêche le perfide vent coulis de pénétrer dans ce sanctuaire des Grâces ; un tapis de Turquie, apporté par M. le comte qui fut autrefois ambassadeur près la Sublime Porte, amortit le bruit des pas, et de doubles volets matelassés empêchent les sons extérieurs de pénétrer dans cet asile du repos et de l’amour. Telle était la chambre à coucher de la comtesse Éliante.