Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/349

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sée et la queue nouée de rosettes aux couleurs du duc, traînaient cette volumineuse machine.

Alcindor, enchanté de lui-même et plein des plus flatteuses espérances, dit au cocher de toucher vivement ses chevaux et d’aller grand train. Le cocher, qui ne demandait pas mieux que de brûler le pavé, qui, pour un empire, n’aurait cédé le haut de la chaussée à personne, et qui eût coupé l’équipage d’un prince du sang, tant il était infatué de la dignité de sa place, lança ses quatre bêtes au plein galop, nonobstant les cris des bourgeois et autres misérables piétons qu’il couvrait malicieusement d’un déluge de boue. En quelques minutes on fut à la porte de l’hôtel d’Éliante.

Le duc monta et fit annoncer : « Il signor Franfrelucio et le duc Alcindor. » Quoique Éliante ne fût pas visible, parce qu’elle s’habillait pour aller à l’Opéra, le nom magique de Fanfreluche, pareil au : Sésame, ouvre-toi, des contes arabes, fit tourner les portes sur leurs gonds et tomber toutes les consignes.

Quand Éliante vit dans le corbillon suspendu au cou d’Alcindor le faux Fanfreluche assis sur son derrière et levant le museau d’un air passablement inquiet, elle fit un petit cri aigu, et, frappant de plaisir dans ses deux mains, elle courut vers le duc et lui dit : « Alcindor, vous êtes charmant. »

Puis elle prit le bichon ébaubi de tant d’hon-