Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/353

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tout ce que les contes de fées renferment de plus opulent et de plus merveilleux, des descentes avec des gloires et des vols de machines admirablement exécutés. Mais Alcindor s’occupait d’Éliante, et Éliante s’occupait de Fanfreluche, et aussi un peu d’Alcindor, dont la mine et le riche habillement l’avaient frappée particulièrement le soir.

Pour le faux Fanfreluche, il faisait assez piteuse figure ; il n’était pas accoutumé à se trouver en si bonne compagnie, et, les deux pattes appuyées sur le devant de la loge, il considérait tout d’un œil effaré.

Soudain, ô coup de théâtre inattendu ! la porte d’une loge s’ouvre avec fracas. Une dame, étincelante de pierreries, très décolletée, avec du rouge comme une princesse, en bel habit bien porté, se place avec deux ou trois jeunes seigneurs : c’est la marquise. Un petit chien sort la tête de son manchon, pose les pattes sur le devant de la loge avec un air d’impudence digne d’un duc et pair ; c’est Fanfreluche, le vrai, le seul inimitable Fanfreluche.

Éliante l’aperçoit, ô revers du sort ! Elle lance au duc stupéfait un regard foudroyant ; puis, suffoquée par l’émotion, elle se pâme et s’évanouit complétement. On la remporte chez elle, où l’on est plus d’une heure à la faire revenir : ni les sels d’Angleterre, ni l’eau du Carme, ni celle de la reine de Hongrie, ni les gouttes du