Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/520

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paupières et les sourcils, et tout ce que la coquetterie féminine peut inventer de raffinements. ― D’autres civières étaient couvertes de robes de pourpre de la laine la plus fine et de toutes les nuances, depuis l’incarnat de la rose jusqu’au rouge sombre du sang de la grappe ; ― de calasiris en toile de Canope qu’on jette blanche dans la chaudière du teinturier, et qui, grâce aux divers mordants dont elle est empreinte, en sort diaprée des couleurs les plus vives ; ― de tuniques apportées du pays fabuleux des Sères, à l’extrémité du monde, faites avec la bave filée d’un ver qui vit sur les feuilles, et si fines qu’elles auraient pu passer par une bague.

Des Éthiopiens luisants comme le jais, la tête serrée par une cordelette pour que les veines de leur front ne se rompissent pas dans les efforts qu’ils faisaient pour soutenir leur fardeau, portaient en grande pompe une statue d’Hercule, aïeul de Candaule, de grandeur colossale, faite d’ivoire et d’or, avec la massue, la peau du lion de Némée, les trois pommes du jardin des Hespérides, et tous les attributs consacrés.

Les statues de la Vénus céleste et de la Vénus Génitrix, taillées par les meilleurs élèves de l’école de Sicyone dans ce marbre de Paros dont l’étincelante transparence semble faite tout exprès pour représenter la chair toujours jeune des immortelles, suivaient l’effigie d’Hercule dont les contours épais et les formes renflées faisaient