Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/179

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Dieu préserve Olivier, si bien que le coup ne le touche pas ;
La lance effleura sa chair, mais n’en enleva point.
Margaris alors va plus loin, sans encombre,
Et sonne de son cor pour rallier les siens»Aoi.

CX

1320La bataille est merveilleuse, la bataille est une mêlée ;
Le comte Roland ne craint pas de s’exposer.
Il frappe de la lance tant que le bois lui dure ;
Mais voilà que quinze coups l’ont brisée et perdue.
Alors Roland tire Durendal, sa bonne épée nue,
1325Éperonne son cheval et va frapper Chernuble.
Il met en pièces le beaume du païen où les escarboucles étincellent,
Lui coupe en deux la coiffe et la chevelure -,
Lui tranche les yeux et le visage,
Le blanc haubert aux mailles si fines,
1330Tout le corps jusqu’à l’enfourchure
Et jusque sur la selle, qui est couverte de lames d’or.
L’épée entre dans le corps du cheval,
Lui tranche l’échine sans chercher le joint ;
Et sur l’herbe drue abat morts le cheval et le cavalier :
1335" Misérable, » lui dit-il ensuite, « tu fus mal inspiré de venir ici ;
" Ton Mahomet ne te viendra point en aide,
« Et ce n’est pas par un tel glouton que cette victoire sera gagnée ! »Aoi.

CXI

Par le champ de bataille chevauche le comte Roland,
Sa Durendal au poing, qui bien tranche et bien taille,
1340Et qui fait grande tuerie dès Sarrasins.
Ah ! si vous aviez vu Roland jeter un mort sur un autre mort,
Et le sang tout clair inondant le sol !

1331. La sele... La selle comprend à cette époque : 1° des arçonnières ; 2° des quartiers coupés carrément et enrichis de broderies quadrillées ; 3° deux sangles ; distante l’une de l’autre ; 4° un poitrail formé d’une bande de cuir à franges ; 5° des étriers arrondis et surbaissés, lesquels sont suspendus par des étrivières tantôt de cuir ; tantôt déchaînette ; 6° une couverture carrée. Voy. Demay, Le Costume de guerre-, p. 163.