Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/227

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CLVI

« Sire Roland, il vous faut sonner volve cor
« Pour que Charles l’entende, qui passe aux défilés.
« La merveilleuse armée du roi reviendra sur ses pas,
« Elle nous trouvera morts et en pièces ;
« Mais ceux de France vengeront les nôtres
« Que les païens auront’tués dans la bataille ;
« Ils emporteront nos corps.
« Les sangliers, les chiens et les loups ne les mangeront pas.
« — Voilà une bonne parole, " dit Roland.Aoi.

CLVII

Roland a mis l’olifant à ses lèvres ;
Il l’embouche bien, et le, sonne d’une puissante haleine ;
1755Les puys sont hauts, et le son va bien loin.
On en entendit l’écho à trente lieues.
Charles et toute l’armée l’ont entendu,
Et le Roi dit : "Nos hommes ont bataille. "
Mais Ganelon lui répondit :
1760" Si c’était un autre qui le dît, on le traiterait de menteur. »Aoi.

CLVIII

Le ’comte Roland, à grand’peine, à grande angoisse
Et très douloureusement sonne son olifant.
De sa bouche jaillit le sang vermeil,
De son front la tempe est rompue ;
1765Mais de son cor le son alla si loin !
Charles l’entend-, qui passe aux défilés,
Naimes l’entend, les Français l’écoutent,
Et le Roi dit : « C’est le cor de Roland ;
« Certes, il n’en sonnerait pas, s’il n’était en bataille.
1770« — Il n’y a pas de bataille, dit Ganelon.
" Vous êtes vieux- ; tout blanc et tout fleuri ;
« Ces paroles vous font ressembler à un enfant.
« D’ailleurs, vous connaissez le grand orgueil de Roland,