Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/324

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2960 A grant honur pois les unt enterrez.
Si ’s unt laissiez : qu’en fereient-il el ?Aoi.

CCXLIII

Li Emperere fait Rollant custeïr
E Olivier, l’arcevesque Turpin ;
Dedevant sei les ad fait tuz uvrir
2965 E tuz les coers en palie recuillir ;
En blancs sarcous de marbre sunt enz mis ;
E pois, les cors de baruns si unt pris,
En quirs de cerf les treis seignurs unt mis :
Bien sunt lavet de piment e de vin.
2970 Li Reis cumandet Tedbald e Gebuin,
Milun le cunte e Otun le marchis :
« En treis carettes les guiez el’ chemin ! »
Bien sunt ouvert d’un palie galazin.Aoi.

CCXLIV

Quant il ont fait enterrer sun barnage,
Fors cels qu’il voit porter tresque à Blaive,
Venir s’en voelt li emperere Carles,
2975 Quant de païens li surdent les anguardes.
De cels devant i vindrent dui message,
De l’ Amiraill i nuncent la bataille :
« Reis orguillus, nen est dreiz que t’en alges.
« Veis Baligant ki après tei chevalchet :
2980 « Granz sunt les oz qu’il ameinet d’Arabe ;
« Encoi verrum se tu as vasselage. »

2963. Turpin. La Keiser Karl Magnus’s kronike, par égard sans doute pour la « Chronique de Turpin, » ne peut ici se résigner à la mort du célèbre archevêque. Donc, elle affirme qu’on trouva Turpin encore vivant sur le champ de bataille. « On pansa ses blessures ; on le mit en un bon lit. Il marcha depuis lors avec des béquilles ; mais il resta archevêque tant qu’il vécut. »

2969. Bien sunt lavet de piment e de vin. « D’autres poèmes, dit M. d’Avril, mentionnent l’opération qui consistait à laver les corps des défunts avec de l’eau, du vin et du piment. » Cf. notamment Raoul de Cambrai : Le cors li leve de froide eau et de « ire. (Édition Le Glay, p. 329.) Dans Garin le Loherain (trad. P. Paris, p. 249-253), on voit aussi que les