Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/343

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" Dans mainte histoire on parle de lui avec grand honneur.
« Mais il n’a plus son neveu Roland,
« Et devant nous ne pourra tenir pied. »Aoi.

CCLX

« Beau fils Malprime, » dit Baligant,
« Roland le bon vassal est mort hier,
« Avec Olivier le preux et le vaillant,
« Avec les douze Pairs qui étaient tant aimés de Charles
« Et vingt mille combattants de France.
« Quant à tous les autres, je ne les prise pas un gant.
« Il est certain que l’Empereur est revenu, qu’il est là ;
« Mon messager, le Syrien, vient de me l’annoncer :
« Charles a formé dix corps d’armée immenses.
« Il est brave, celui qui fait retentir l’olifant,
« Et son compagnon aussi qui sonne d’une trompette claire ;
« Tous deux chevauchent, en tête de l’armée, devant le pre-
" mier rang ;
« Quinze mille Français sont avec eux,
« De ces jeunes bacheliers que Charles appelle « enfants ».
« Et il y en a quinze mille autres derrière eux
« Qui très fièrement frapperont. »
Malprime alors : « Je vous demande l’honneur du premier coup. »Aoi.

CCLXI

« — Beau fils Malprime, » dit Baligant,
« Tout ce que vous me demandez, je vous l’accorde ;
« Donc, allez sans plus tarder assaillir les Français.
« Emmenez avec vous Torleu, le roi de Perse,
« Dapamort, le roi des Leutis.
« Si vous pouvez mater le grand orgueil de Charles
« Et empêcher l’olifant de résonner avec ce cri vainqueur,
« Je vous donnerai un par de mon royaume,
« Tout le pays depuis Cheriant jusqu’au Val-Marquis.
« — Merci, mon seigneur, » répond Malprime.
Il passe en avant, et reçoit la tradition symbolique de ce présent.
Or, c’était la terre qui appartint jadis au roi Fleuri.