Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/379

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CCXCVI

Le jour est passé, les ombres de la nuit tombent,
La lune est claire, les étoiles flamboient,
L’Empereur est maître de Saragosse.
Mille Français, sur son ordre, parcourent la ville en tous sens,
Entrent dans les mosquées et les synagogues,
Et, à coups de maillets de fer et de cognées,
Mettent en pièces Mahomet, toutes les images, toutes les idoles.
De sorcellerie, de mensonge, il ne reste, plus de trace.
Le Roi croit en Dieu et veut faire le service de Dieu.
Alors les Evêques bénissent l’eau
Et mènent les païens au baptistère.
S’il en est un qui se refuse à faire la volonté de Charles,
Il le fait pendre, occire ou brûler.
Ainsi l’on en baptise plus de cent mille
Qui deviennent bons chrétiens. La Reine seule est mise à part.
On la mènera captive en douce France,
Et c’est par amour que l’Empereur veut la convertir.Aoi.

CCXCVII

La nuit passe, et le jour clair apparaît dans le ciel.
Charles garnit alors les tours de Saragosse :
Il y laisse mille chevaliers vaillants,
Qui gardent la ville pour l’Empereur ;
Puis, avec tous ses hommes, Charles remonte à cheval,
Emmenant Bramimonde captive ;

LA RAISON ENFIN PLUTOT QUE PAR LA FORCE. » (Nicolaï I responsa ad consulta Bulgarorum, cap. XLI ; Labbe, VIII, 530 Le Pape est beaucoup plus sévère à l’égard des renégats.] Et nous avons également cité les paroles très précises de saint Augustin et de saint Thomas d’Aquin, qui se prononcent tous deux contre l’emploi de la force. Enfin, les Pères du Concile de Plaisance, en 1388, font cette proclamation solennelle : " La religion chrétienne ne doit pas rejeter les Juifs et les Sarrasins, parce qu’il est constant qu’ils ont en eux l’image de notre Créateur.» (Labbe, xi 2074,)Il y a loin de là à la sanglante et abominable brutalité de nos héros épiques.

3680. E Bramimunde, etc. c’est ici que les Remaniements cessent de suivre ; même de loin, le texte primitif, et il en est de même pour le plus ancien manuscrit de Venise, qui avait jusqu’ici reproduit si exactement la version originale de notre poème. =