Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/399

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Puis revêtu leurs blancs hauberts, qui sont à la fois forts et légers.
Ils ont sur leur tête assujetti leurs beaumes clairs
Et ceint leurs épées à la garde d’or pur.
A leur cou ils suspendent leurs écus à quartiers.
Dans leur poing droit ils tiennent leurs épieux tranchants ;
Puis sont montés sur leurs rapides destriers.
Alors on vit pleurer cent mille chevaliers,
Qui pour Roland ont pitié de Thierri.
Mais Dieu sait comment tout finira.Aoi.

CCCXI

Au-dessous d’Aix est une vaste plaine :
C’est là que les deux barons vont faire leur bataille.
Tous deux sont preux, et leur courage est grand.
Rapides, emportés sont leurs chevaux,
Ils les éperonnent, leur lâchent les rênes,
Et, rassemblant toute leur vigueur, se vont frapper mutuellement.
Ils brisent, ils mettent en pièces leurs écus,
Ils dépècent leurs hauberts, ils déchirent les sangles de leurs chevaux,
Si bien que les selles tournent et, que les cavaliers tombent…
Cent mille hommes les regardent, .tout en pleurs,Aoi.

CCCXII

Voici nos deux chevaliers à terre :
Vite ils se redressent sur leurs pieds.
Pinabel est fort, léger ; rapide.
L’un cherche l’autre. Ils n’ont plus de chevaux ;
Mais, de leurs épées à la garde d’or pur,
Ils frappent, ils refrappent sur leurs beaumes d’acier.
Ce sont là de rudes coups, bien faits pour les trancher...
Et tous les chevaliers français de se lamenter vivement :
« Ô Dieu, » s’écrie Charles, « montrez-nous où est le droit. »Aoi.